Déjà plus de 27 000 victimes aidées. Il est temps de célébrer 10 ans de confiance !

Dossier spécial Pronoclub, Thomas Boursin, Tacoswap, Cryptaldash et Mickalamasse

Retrouvez dans cette page spéciale l’histoire des protagonistes de réseaux d’enrichissements aussi boiteux que louches, parmi lequel Pronoclub.

Retrouvez dans cette page spéciale l’histoire des protagonistes de réseaux d’enrichissements aussi boiteux que louches, parmi lequel Pronoclub.

Pronoclub, une “arnaque d’une ampleur inédite”.

Nous devons à Thomas Boursin et à Pronoclub d’avoir décidé de créer ce dossier spécial. A l’heure où nous écrivons ces lignes, c’est toute la pyramide Pronoclub qui est sans doute en train de s’effondrer.

Sans doute le fondateur de Pronoclub, Thomas Boursin, a-t-il été dépassé par son succès. Non seulement son projet était illégal et mensonger mais en plus, il a déployé des moyens de communication démentiels qui auraient incité près de 4700 personnes à souscrire à son offre de “copy-betting”. Pour cette raison, le cumul des préjudices atteindrait plusieurs millions d’euros.

Le 13 septembre 2021, Le Parisien consacrait à l’affaire une page entière, qualifiant Pronoclub d’“arnaque d’une ampleur inédite”.

Capture d’écran prise sur le site du Parisien

Article très juste si ce n’est la mention “EXCLUSIF”. Quelques jours plus tôt, déjà, le journal de Saône-et-Loire rapportait le témoignage de victimes, repris dans Le Parisien. Et dès le mois de juin 2021, nous émettions des doutes sur Pronoclub

Juillet-Août 2021, Pronoclub s’effondre

Quelques jours plus tôt, nous avons raconté la chronique de cet effondrement, étalé sur les mois de juillet et d’août, au cours desquels, les souscripteurs sont passés de l’agacement à la colère en passant par le dépit et le désespoir.

Au cours de cet été, Thomas Boursin avait alterné entre promesses de remboursements par virement bancaire, vente forcée de formation aux paris sportifs, modifications subites et unilatérales des conditions générales contractuelles de Pronoclub pour finalement annoncer un remboursement via un site de jeux d’argent interdit en France. Une façon peu subtile d’avouer à ses souscripteurs que certains d’entre eux ne reverraient sans doute jamais leur argent…

Comment un Gamin d’à peine 25 ans a-t-il pu monter une telle arnaque ?

Comment un gamin tel que Thomas Boursin a-t-il réussi à monter une vente pyramidale aussi élaborée ? Où a-t-il trouvé le budget pour un plan communication lui ayant permis de s’offrir de la publicité à la télévision, dans la presse écrite, dans le métro parisien ou chez des influenceurs ?

Il faut d’abord chercher dans son parcours et sa personnalité. Thomas Boursin est le rejeton d’une génération de gourous de la réussite financière sur le web, à la fois ambitieuse, influençable et sans scrupules.

Influençable parce que Thomas Boursin n’en serait pas arrivé là s’il n’avait pas rencontré un certain Mickalamasse, alias Michael Monteverde, déjà poursuivi pour une affaire de fausse vente de maillot d’équipe de foot.

Monteverde est un gourou 2.0 de l’enrichissement personnel tel qu’on en trouve sur le web par dizaines. Il a recruté et formé plusieurs jeunes naïfs et candides qu’il flatte en leur faisant croire que ses conseils allaient les enrichir rapidement.

En réalité, il les a emmené dans des combines louches dont la dernière: un projet de crypto bancale, le Tacoswap et son Cryptaldash, un “shitcoin” comme il en existe des dizaines, à mi-chemin entre l’escroquerie financière et le coup de poker.

C’est avec ce genre de personne que Thomas Boursin a fait ses classes. Il lui a appris l’essentiel: ne pas gagner soi-même de l’argent avec la méthode que l’on vend mais gagner de l’argent essentiellement en vendant cette méthode.

Une ambition dévorante qui pousse à sortir de tous les cadres légaux

C’est aussi l’ambition dévorante de Thomas Lamasse qui l’a poussé à sortir du moindre cadre légal

La vente de pronostics sportifs est purement et simplement interdite en France. Les contrevenant s’exposent à près de deux ans de prison.

Thomas Lamasse va modifier unilatéralement les conditions générales au gré de ses propres décisions et dans un sens qui l’arrange toujours.

Les souscripteurs découvrent début juillet qu’une partie de leur argent a été confié à un fond extérieur à Pronoclub, sans qu’ils n’en n’aient jamais été informé. Le dirigeant de ce fond s’avère être un repris de justice belge: Michael Neerdael.

Finalement, pour “rembourser”, Thomas Lamasse trouve un système qui s’apparente en réalité à une annulation de dette: il propose aux souscripteurs d’être remboursés en crédits sur un site de paris sportifs interdit et bloqué en France, Stake.com. Il va même jusqu’à expliquer comment contourner le blocage pour y accéder malgré tout.

Investissement, trading, paris sportifs, la grande confusion

Si un Thomas Lamasse est en mesure de monter un site comme Pronoclub, c’est aussi parce qu’il vit à une époque dans laquelle une confusion s’est progressivement instituée entre spéculation financière, trading sur les marchés financiers et paris sportifs ou plus largement jeux d’argent.

C’est cette confusion volontairement entretenue par Thomas Boursin et beaucoup d’autres qui leur permet d’abuser de milliers de personnes.

Les arnaques au trading qui sévissent depuis une vingtaine d’année en Europe en sont une illustration. Ils sont massivement installés à Chypre et organisés par beaucoup d’anciens des sites de jeux d’argent en ligne. Ces sites de trading se présentent comme des investissements financiers et traitent leurs clients comme des joueurs de casinos pour appuyer sur tous les leviers de l’addiction afin de les faire investir toujours plus.

Et inversement, des sites de vente de pronostics sportifs tels que Pronoclubs promettent des retours sur investissements garantis, 10% pour Pronoclub, ce qui les apparentent plus à des investissements financiers et pas des sites ludiques sur lesquels on va jouer un argent que l’on est prêt à perdre.

Pour comprendre cette confusion, il faut comprendre qu’il n’y a pas de différence de nature entre spéculation boursière et jeux d’argent. Il s’agit dans les deux cas de contrats aléatoires. Or, promettre de déjouer le hasard est une promesse nécessairement trompeuse.

Pour cette raison, la loi française interdit la vente de pronostics sportifs. Le législateur a considéré qu’une telle promesse serait toujours mensongère.

Pendant longtemps, en France, la spéculation boursière et les jeux d’argent étaient régulés par la même loi, l’article 1965 du code civil: “La loi n’accorde aucune action pour une dette du jeu ou pour le paiement d’un pari.” Il signifie que l’on ne peut pas réclamer devant un juge le paiement d’un pari perdu.

Evidemment, quand la bourse et les opérations spéculatives ont pris leur essor en France, de petits malins ont essayé de se prévaloir de cet article 1965 pour ne pas assumer leurs pertes.

Alors le législateur a détaché les opérations de spéculation boursière de cette loi afin d’assurer la sécurité juridique des opérations spéculatives. La multiplication contemporaine des arnaques rappelle qu’en réalité, spéculation et jeux d’argent fonctionnent malgré tout de la même manière et que la tentative de traiter un investisseur comme un joueur reste en arrière plan.

Lire la vidéo

Dans cette vidéo, nous expliquons les points communs et les différences entre jeux d’argent et spéculation boursière

Nabilla sanctionnée. Pourquoi pas la RATP, la presse ou Maddyburciaga?

Jamais Pronoclub n’aurait fait autant de victimes si des chaînes de télévision française n’avaient pas diffusé ses publicités, si la RATP n’avait pas affiché ses publicités dans le couloir du métro parisien, si la presse écrite n’avait pas vendu des espaces publicitaires, si des influenceurs n’avaient pas accepté de le promouvoir.

Campagne d’affichage de Pronoclub dans le métro parisien, mai 2021

La question de la responsabilité de ces médias et supports publicitaires se pose. Jusqu’à quel point peuvent-ils prétendre être irresponsable des contenus qu’ils diffusent ? L’illégalité du service proposé par Pronoclub n’était-elle pas à ce point manifeste que les diffuseurs ne peuvent pas se retrancher derrière leur ignorance ou leur bonne foi ?

A droite, un “publireportage”, c’est-à-dire une publicité essayant de ressembler à un article de presse d’information sérieuse, en faveur de Pronoclub et diffusée par Le Figaro le 30 avril 2021. A gauche, un article du FIgaro dénonçant les dérives du même site Pronoclub et publié le 13 septembre 2013. Les exemples de ce type sont nombreux Les lecteurs de la presse en ligne peuvent-ils encore se fier à la publicité des sites de presse en ligne?

L’article du Parisien publié le 13 septembre 2021, nous apprend que l’ARPP, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité, qui valide chaque publicité avant son passage à l’antenne des télévisions françaises avait validé celle de Pronoclub. Il fallut attendre que le CSA lui enjoigne de demander à ses membres de cesser de les diffuser pour que Pronoclub quitte les écrans de télévision français.

Extrait de l’article du Parisin sur Pronoclub paru le 13 septembre 2021

Le droit de la publicité interdit ou réglemente fortement la promotion de certains produits: alcool, produit spéculatifs (loi Sapin 2), armes à feux, jeux d’argent… On ne doute pas un instant que le diffuseur (media, régie pub, influenceur…) qui accepterait de diffuser malgré ces interdictions une publicité pour ces produits engagerait sa responsabilité pénale et civile.

Récemment Nabilla fut sanctionnée d’une amende de 20 000 euros pour avoir fait la promotion d’un service de trading à destination des particuliers: Etoro. Des sites tels que Etoro ont pris aux épargnants français un peu plus de 5 milliards d’euros à ce jour (source AMF et Procureur de la République de Paris).

Les diffuseurs de publicités peuvent être tenus pour responsables

“Le Code de la consommation prévoit la responsabilité, tant pénale que civile, du diffuseur, quel que soit le support, d’une publicité pour un bien ou un service illégal”, explique Maître Roman Leibovici, avocat à Paris. “La difficulté dans ce type de dossier revient plutôt à démontrer le caractère intentionnel du diffuseur, qui n’a généralement pas connaissance du caractère illicite au moment où il est sollicité. C’est l’identification du bien, du service ou de la société qui pose en réalité problème. C’est sur ce point précis que les obligations des médias devrait être accentuées”.

On se réjouit que les influenceurs qui vantent des produits dangereux en faisant croire qu’ils en font un usage réguliers soient sanctionnés. Mais nous regrettons le motif officiel de cette décision. Nabilla a été sanctionnée pour “défaut d’indication du caractère publicitaire de sa publication”. Il eut mieux valu que Nabilla aie pu être sanctionnée pour avoir fait la promotion d’un produit financier bien trop dangereux pour les particuliers. N’est-ce pas pour cette raison que la loi Sapin 2 a interdit la publicité pour ces produits financiers?

Compte tenu de l’illégalité de Pronoclub, on est tenté de penser que dans leur laxisme et leur manque de vigilance, les diffuseurs de ces publicités devraient voir leur responsabilité juridiquement engagée.

Nous avons mis en exergue le rôle décisif de la diffusion de la publicité pour des arnaques dans le succès de ces dernières. Une lutte efficace contre les arnaques passe évidemment par une responsabilisation accrue des diffuseurs de contenus publicitaires.

Lire la vidéo sur pronoclub

Dans cette vidéo publiée en juin 2021, nous décryptions trois mois avant son effondrement les incohérences et les dangers de Pronoclub

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