Chaque mois, des centaines de personnes, parfois très intelligentes, sont victimes d’escroquerie et d’arnaques financières ou émotionnelles. Pourtant, chaque arnaque exploite des biais cognitifs spécifiques qui facilitent la manipulation des victimes qui prennent des décisions en faveur des plans des escrocs. Pour se protéger des escrocs, il faut donc trouver le moyen de minimiser les biais. Pour ce fait, nous verrons, à travers des notions de psychologie cognitive et de psychologie sociale, ce qui induit ces biais et comment ils influencent la cognition.
Comment les biais cognitifs affectent-ils le processus de décision humain ?
Malgré notre rationalité, le jugement humain et le processus de traitement de l’information et de prise de décisions sont souvent influencés par des biais cognitifs qui créent des distorsions. En effet, le cerveau humain ne décide qu’après un processus rationnel.
Malheureusement, au lieu des processus de décision logique, le cerveau humain utilise souvent des raccourcis mentaux pour contourner des limites cognitives et les exigences cognitives. Ces raccourcis, les biais cognitifs, sont des déviations inconscientes dans le traitement cognitif normal. Ils viennent hacker et influencer la pensée logique, fausser la perception du risque et faire prendre de mauvaises décisions.
Comme de fins psychologues, les escrocs connaissent la psychologie humaine et exploitent tous les biais possibles. Ils jouent sur les émotions, les croyances, l’effet de groupe, les contraintes psychologiques, etc.
Toutefois, D’après les recherches en psychologie cognitive et comportementale, il y a des moyens pour identifier et réduire les biais cognitifs, qu’il s’agisse de biais inhérents ou de biais induits. Il s’agit entre autres de :
- La formation aux notions de risque et de probabilité ;
- L’éducation financière ;
- Le questionnement critique ;
- La remise en question des premiers instincts et des premières informations ;
- L’élargissement du cercle d’information ;
- Etc.
Quels sont les biais cognitifs qui interviennent le plus dans le cadre des arnaques ?
Les arnaques sont généralement basées sur une interaction de plusieurs biais cognitifs. En tout, il existe plus de 250 différents biais cognitifs. Voici les principaux biais négatifs impliqués dans les arnaques.
Le biais de preuve sociale
La preuve sociale est l’un des biais cognitifs les plus fréquemment exploités dans les arnaques. Ce biais pousse le cerveau humain à se référer au comportement des autres pour prendre une décision, surtout lorsqu’il doute de la bonne décision à prendre.
Même si une décision comporte un risque, le biais de preuve sociale vous amène à la prendre, parce que d’autres personnes l’ont aussi fait. Malheureusement, c’est ce qui expose le plus de personnes aux risques d’arnaques financières.
Imaginez qu’on vous propose un plan censé coûter extrêmement cher à un prix extrêmement bas. Si vous remarquez que beaucoup d’autres personnes ont acheté le produit et donné un retour positif, vous serez tenté d’acheter aussi, même si vous avez des doutes.
Les escrocs n’hésitent donc pas à créer souvent des preuves sociales de toute pièce (faux témoignages de clients, avis et commentaires manipulés, etc.), pour berner leurs victimes et les arnaquer.
Le biais de confirmation
Le biais de confirmation pousse généralement à privilégier des informations qui correspondent à vos croyances initiales, même si celles-ci sont fausses et à rejeter celles qui y sont contraires, même si ces dernières sont vraies.
En plein scénario d’arnaque, vous pouvez balayer du revers de la main tous les signaux d’alerte en ne considérant que les informations correspondant à vos croyances. C’est là qu’intervient la dissonance cognitive.
Lorsque malgré leur ferme conviction, les gens découvrent qu’en fait, ils se sont fait arnaquer, ils ressentent une certaine dissonance cognitive, parce que la réalité de l’arnaque contredit leurs croyances. Ils ont du mal à partager leur expérience et à révéler leur naïveté et leur erreur de jugement, ce qui augmente la possibilité pour d’autres personnes de se faire arnaquer par le même escroc.
Le biais d’ancrage
Le biais d’ancrage pousse à ancrer des décisions sur les premières informations ou impressions parce qu’elles sont fortes et immédiatement disponibles, sans considérer qu’elles pourraient être trompeuses. Cela est souvent exploité pour la persuasion des victimes. On parle souvent d’heuristique de disponibilité.
L’exemple le plus courant, c’est celui où un escroc propose un produit à un prix élevé puis propose un rabais. Pourtant, le rabais est en réalité la valeur réelle du produit et le prix initial, le prix artificiel. Il ne faut donc pas se laisser emporter par l’effet d’ancrage et rechercher plus d’informations pour identifier les distorsions et réfléchir de manière logique.
Le biais de cohérence
Le biais de cohérence intervient lorsqu’une situation semble tellement réaliste et cohérente que vous y accordez foi. Si un inconnu vous écrit, se faisant passer pour un ami, vous aurez tendance à croire que vous discutez avec votre ami si l’arnaqueur invente une histoire cohérente.
Vous pourriez ne jamais penser à une arnaque, sauf si l’arnaqueur dévie de sa ligne et renforce vos doutes. La cohérence crée un biais potentiel (par opposition aux biais systématiques) qui peut affecter votre jugement.
Le biais d’autorité
Le biais d’autorité pousse les victimes d’arnaque à faire confiance aux jugements des figures d’autorité. Ainsi, si un site affiche des logos de grandes entreprises, vous pourrez plus facilement lui faire confiance.
Si un service est promu par un influenceur célèbre, vous serez plus facilement tenté de le suivre, même après plusieurs avertissements. Les escrocs n’hésitent pas à déployer des techniques pour exploiter ce biais par lequel ils peuvent faire faire des choix inconscients à leurs victimes.
L’effet de halo
L’effet de halo est un biais cognitif qui amène une victime d’arnaque à faire preuve d’excès de confiance vis-à-vis d’un arnaqueur en ignorant même les informations qui confirment qu’il s’agit d’une arnaque, en raison d’attribut positifs perçus sur ce dernier. Ces attributs peuvent comprendre le charisme de l’arnaqueur, son éloquence, etc. C’est un type de biais induit.
Ce biais favorise des erreurs de perception et augmente donc la marge d’erreur dans le processus de jugement. Il existe plusieurs autres biais, notamment les biais d’évaluation, de statu quo, les biais de perception, l’aversion à la perte, les biais culturels, etc. Qui que l’on soit, on n’est jamais complètement à l’abri d’un biais cognitif. On peut cependant limiter les risques de biais par l’éducation financière, le développement d’un esprit critique et d’une conscience aiguë sur la notion de risque.
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