Déjà plus de 27 000 victimes aidées. Il est temps de célébrer 10 ans de confiance !

L’enjeu de l’e-réputation dans l’industrie des faux-investissements

Pour conserver une réputation bien lisse, l’industrie des investissements risqués (options binaires, CFD, Forex, diamants, terres rares, etc.) ne cesse de verrouiller tous les commentaires négatifs la concernant. En effet, son e-réputation est cruciale puisque la majorité des investisseurs particuliers rentrent en contact avec elle via le net. Focus sur les méthodes employées par cette industrie sans scrupule.

Les vendeurs de produits d’investissements risqués possèdent une seule vitrine pour se faire connaitre dans le monde entier : le Web. Cependant, pour éviter que la vérité de leur commerce n’éclate sur la toile, ils emploient des experts du digital pour tromper les algorithmes de Google, créer des plateformes web très professionnelles ou animer des réseaux sociaux. Cette activité sur le web agit comme un écran de fumée pour les particuliers qui tentent de vérifier la crédibilité de ces prestataires de produits financiers avant de les solliciter.

Une communication verrouillée

L’un des défis les plus importants pour les arnaqueurs est la gestion de leur réputation sur internet. Après la mise en place du package de communication classique (sites internet, page Facebook, chaine YouTube, faux commentaires élogieux, etc.), le challenge est de faire taire les clients arnaqués. En effet, si un témoignage d’une victime venait à fuiter, l’entreprise s’effondrerait comme un château de cartes.

Dans l’industrie des options binaires, qui existe depuis plus de 10 ans, les méthodes de verrouillage de l’information sont très efficaces. L’un des exemples les plus frappants  est celui de la bataille de Banc de Binary, une ancienne entreprise israélienne d’options binaires, contre les éditeurs bénévoles de Wikipédia. Le cinquième site internet le plus visité au monde, et fondé en 2001, est basé sur une confiance communautaire visant à partager un ensemble de connaissances jamais inégalé. Pour lutter contre la publicité, le marketing ou les relations publiques mis en ligne sur Wikipédia par des éditeurs payés, de nombreuses directives et contrôles de publication sont appliqués.

Un récent article de Signpost, une publication interne de Wikipédia, publié en février 2017, montre que le problème des éditeurs payés n’a pas disparu. L’auteur anonyme de cet article qui est contributeur à Wikipédia depuis une dizaine d’années, et dont le pseudonyme est Smallbones, a confié au quotidien Times of Israël que « certains des pires contrevenants sont les entreprises d’options binaires et de Forex de détail ».

Passage en force sur Wikipédia pour Banc de Binary

Le site internet de Banc de Binary a été mis en ligne vers 2010 et deux ans plus tard, l’entreprise s’est répertoriée sur Wikipédia comme un groupe de « banquiers d’options privés », et affirmait être située à New York, au 40 Wall Street. Cette adresse, connue comme le Trump Building, a été utilisée par d’autres firmes liées aux options binaires, comme EZTrader et le service de portefeuille électronique Neteller. Dans la foulée, l’article a été supprimé à deux reprises par les administrateurs de Wikipedia, « pour être purement publicitaire et donc violer la politique de Wikipedia contre la publicité », a expliqué Smallbones. Puis, l’article ne cessait de réapparaître pour finalement, devenir l’objet d’une guerre d’édition. En parallèle, une biographie du fondateur de Banc de Binary, Oren Shabat a été supprimée trois fois, car son contenu tentait de faire de la promotion.

Selon le contributeur du SignPost, la pression éditoriale entourant l’article de Banc de Binary a commencé quand le gouvernement américain a accusé la compagnie au civil en juin 2013 de proposer illégalement, sans enregistrement, des options binaires aux investisseurs américains. En effet, pendant la période de l’instruction du dossier, une dizaine de mois, l’article sur Wikipédia a été modifié plus de 500 fois et a impliqué plus d’une vingtaine de faux profils de rédacteurs. Rédacteurs mandatés par l’entreprise d’options binaires. Cette bataille a été longue et épuisante pour les modérateurs bénévoles de Wikipédia. Pendant ce bras de fer, l’enjeu était pour Banc de Binary de continuer à influencer des futurs investisseurs malgré leurs affaires judiciaires en cours.

« Leurs éditeurs payés ont probablement passé plus de 100 heures sur l’article. Et nous avons dû y passer autant de temps qu’eux, et même plus, parce que si nous voulons corriger quelque chose, nous le corrigeons souvent deux ou trois fois parce qu’il y a plusieurs éditeurs avec des avis différents » souligne Smallbones, le contributeur de Wikipédia.

Fin de l’histoire en mars 2016, quand la cour américaine a ordonné à la compagnie de verser plus de 11 millions de dollars de remboursement et d’amendes pour sollicitation illégale de clients américains. En parallèle, Banc de Binary a été condamné par la CySEC, le régulateur chypriote, à payer une amende de 350 000 euros.

Un référencement maîtrisé et un réseau développé

Les entreprises proposant des produits dérivés emploient aussi des spécialistes du référencement ou SEO (Search Engine Optimization) pour s’assurer que les mises en garde des régulateurs gouvernementaux les concernant ou des articles de presse allant à leur encontre n’apparaissent pas dans les premiers résultats de recherche de Google. Au-delà de ce contrôle a posteriori, certaines entreprises créent des faux sites d’information suivis par un faux lectorat pour apparaitre dans les Google News. Sur leur page Facebook, rien de plus facile pour afficher des mentions « j’aime » ou des « followers » , puisqu’il  suffit de payer!

Certaines sociétés frauduleuses embauchent des lobbyistes et des conseillers en communication pour se rapprocher des pouvoirs en place comme les politiciens, les médias et spécialistes des télécommunications, les publicitaires ou les grandes banques. De son côté, Google intervient lors de séminaires, comme l’IFX Expo, pour montrer comment les plateformes d’options binaires peuvent optimiser leur référencement. Autant de preuves qui nous obligent donc à toujours rester vigilant sur l’information et les sources !

Nicolas Gaiardo

Nicolas Gaiardo

Nicolas est un journaliste engagé dans la lutte contre les escroqueries financières et passionné du monde de la finance. "Débusqueur" des dernières arnaques astucieuses dans des produits financiers dits atypiques, il se fait un point d'honneur à vous en faire profiter.

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