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Faux Forex et grosses baleines

Il fait bon parfois de se replonger dans les livres d’histoire, car celle-ci balbutie et nous y retrouvons des situations similaires à des questions d’actualités. Aujourd’hui, je vous invite à nous intéresser aux baleines. Pas les « grosses baleines », telles que l’on retrouve au sens figuré dans la finance, mais les vraies baleines, celles de haute mer, magnifiées par Melville, et dont le sacrifice fit les grandes heures de l’industrie de sa chasse au XIXème siècle, avant que le progrès technique et l’éloignement des zones de prolifération de ces mammifères ne rende les produits baleiniers obsolètes.

Nous n’allons pas aborder la question de la pêche traditionnelle ni nous pencher sur d’obscures questions archéologiques ni ethnographiques, mais en aborder le côté industriel et massif. Si vous ne souhaitez pas vous plonger dans la peau d’un chasseur de baleine, je vous rassure immédiatement, cela sera dangereux, sanglant, moralement douteux et globalement moche. Alors, raison de plus pour y aller ! Mettez votre ciré, aiguisez votre harpon, ça va être un massacre. Remontons le temps et embarquons pour la chasse industrielle pratiquée aux Etats-Unis pendant le XIXème siècle. Pourquoi les Etats-Unis ? Et bien car il s’agit du pays qui compte le plus en la matière. En 1859, sur 900 navires baleiniers en activité, 700 étaient américains car cette activité s’est appuyée sur une innovation juridique et économique majeure rendant possible un nouveau mode d’organisation du travail.

Nous allons nous rendre compte que nous allons retrouver tous les fondamentaux appliqués de nos jours dans l’escroquerie au Forex et aux Options Binaires.Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’une activité hautement risquée générant des profits colossaux avec des considérations morales douteuses. La société Gideon Allen & Sons, de New Bedford, avait régulièrement un retour sur investissement de plus de 60 % par an, là où ce siècle peinait à dépasser 2% de croissance annuels. De quoi faire taire tous les scrupules car, dès le début, nous retrouvons des écrits d’auteurs, comme Lacépède, ayant des doutes face au volume de cétacés proprement découpés pour servir de combustible à l’éclairage public des villes. La viabilité de long terme de cette solution paraissait déjà plus aléatoire que les autres matières premières pourtant non renouvelables. L’intérêt économique de cette activité a rapidement décliné, avec le développement de nouveaux combustibles utilisables par l’industrie, tels que le gaz ou le pétrole.

Du côté des arnaques, elles sont par définition autant immorales qu’illégales et si nous nous refusons à communiquer sur les profits générés, nul doute qu’ils soient colossaux. Ce qui est intéressant c’est de comparer le mode d’organisation de ce qu’il convient d’appeler, dans les deux cas, une industrie.

Bien évidemment, les armateurs utilisaient des sociétés par actions, permettant non seulement une transmission au-delà de la personne du fondateur et de lever les fonds que ceux-ci bien souvent ne disposaient pas. Toute la chaîne, de l’armateur aux capitaines et aux membres d’équipage étaient rémunérés sur le profit réalisé. Non pas par un salaire fixe et garanti, mais plus par la perspective de toucher un pourcentage sur les gains générés. Ce mode de fonctionnement extrêmement incitatif permettait de s’assurer d’avoir les meilleures compétences aux meilleurs postes et que chacun irait au-delà de ses capacités pour assurer une efficacité redoutable à la chaîne globale.

Les faux courtiers sont les navires baleiniers, technologiquement plus ou moins performants, armés d’équipages plus ou moins aguerris. Ceux-ci sauront vous voler d’autant plus d’argent que leur site sera travaillé et préparé pour servir d’argumentaire à un discours aussi finement ciselé que la dextérité du vieux loup de mer buriné par les années d’arnaques au téléphone, capable de lancer son harpon avec hardiesse et précision en plein dans votre épargne. Ces commerciaux hors pair, capables de vendre de l’eau de mer à des naufragés sont les superstars des équipages. Tout capitaine à la tête d’une équipe d’escrocs téléphoniques se doit d’en avoir à bord.

Ils doivent également s’appuyer sur des outils fiables, robustes et performants. Toute une industrie des services s’est développée pour fournir des solutions technologiques innovantes sur mesure pour l’arnaque. De nouveaux navires baleiniers à vapeur, des harpons propulsés à ceux à tête explosive, la quête du profit rapide et facile n’a pas de limites et procure de l’emploi à des centaines d’informaticiens dans de nombreux pays sous-traitants.

Mais le travail de terrain ne suffit pas et une fois la précieuse cargaison d’argent volé à bord, il faut rentrer au port pour pouvoir la blanchir et transformer cet argent devenu sale en argent propre que l’équipage et toute la chaîne d’intermédiaires impliqués pourra se partager. Il s’agit des revendeurs et distributeurs de produits baleiniers.

Il convient donc d’avoir accès à des solutions bancaires et des processeurs de paiement de toute confiance qui pourront, moyennant leur écot, eux-aussi avoir le douteux privilège de participer à cette industrie. Parfois, ces intermédiaires sont complices, parfois une sombre machination est mise au point pour pouvoir contourner des règles bancaires mal appliquées ou défaillantes.

Les solutions les plus efficaces sont également les plus coûteuses mais les plus sûres pour les escrocs, celles qui sont utilisées de manière à tromper la vigilance des plus grandes banques.

De toute cette histoire, je n’ai pas parlé de l’essentiel, de l’élément le plus important, sans lequel rien de tout ceci ne serait possible : des baleines, c’est-à-dire de vous-même qui lisez ces lignes avec vos livrets A au rendement apathique, vos assurances-vie léthargiques et vos autres comptes à terme à la rémunération moribonde, qui font saliver une armada complète d’arnaqueurs. N’ayez aucune illusion, si vous avez ne serait-ce qu’un euro sur un compte en banque, vous êtes un gibier potentiel et si vous pensez pouvoir échapper à ces équipes, c’est que vous n’avez pas été confronté aux tactiques les plus sophistiquées, aux montages les plus pervers et les plus vicieux des équipages les plus retors.

 

Nicolas Gaiardo

Nicolas Gaiardo

Nicolas est un journaliste engagé dans la lutte contre les escroqueries financières et passionné du monde de la finance. "Débusqueur" des dernières arnaques astucieuses dans des produits financiers dits atypiques, il se fait un point d'honneur à vous en faire profiter.

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