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Le bonneteau : les dessous d’une arnaque vieille comme le Monde

Dans une rue d’un centre-ville animé, un homme est devant une table de jeu improvisé. Il manipule trois cartes retournées. Autour de lui, des individus misent de l’argent pour retrouver l’emplacement d’une carte cible. C’est d’ailleurs souvent une « dame rouge » qu’il faut retrouver parmi deux autres cartes noires. Le bonneteau se nomme également le jeu du « chercher la dame » ou du « Find the lady » en anglais.

Voyant que certains parieurs gagnent facilement de l’argent, les promeneurs ou touristes s’amassent autour du manipulateur de cartes. Tout le monde veut tenter sa chance. Même si vous êtes certains de ne pas avoir quitté des yeux la fameuse « dame rouge », ne pariez pas car vous perdrez inexorablement votre argent. Décryptage de cette escroquerie.

Le bonneteau à travers l’Histoire

Le jeu du bonneteau remonte au Moyen-Age. A cette époque, le bonneteur jouait avec une noix, une boule le liège (escamot) ou encore une fève dissimulés sous des gobelets ou coquilles. La représentation la plus ancienne de cette arnaque est une huile sur bois réalisée entre 1475 et 1505 par Jérôme Bosch, un peintre néerlandais, et intitulé « L’escamoteur ». Les escamoteurs ou bateleurs étaient des illusionnistes de rue qui pratiquaient l’équivalent du « jeu de bonnette ». Il existe 5 versions de ce tableau et des scènes d’escamoteurs ont été plusieurs fois reprises au cours de l’Histoire.

Le bonneteau

La plus récente est celle de Tim, un caricaturiste et dessinateur satirique pour le titre de presse français L’Express. En 1969, quelques jours avant la tenue du référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation, le général de Gaulle y est représenté sous les traits de l’escamoteur. Dans sa main, il tient une noix de muscade en forme de « o » pour le « oui » et la baguette magique est remplacée par une urne électorale.

Les bonneteurs s’installent souvent, l’été, dans les rues des villes très fréquentées par les touristes. Neuf fois sur dix, c’est un touriste étranger qui se fait arnaquer par le bonneteau. Sur les Champs-Élysées, la mode est actuellement à la manipulation de trois disques en bois noir dont l’un est marqué par une tache blanche. C’est le « three disk monte ».

Principe de l’arnaque au bonneteau

Autour du bonneteur, le manipulateur de cartes, il y a 4 ou 5 « barons » qui sont ses complices. Pour faire en sorte que les badauds misent, deux à trois de ces « barons » parient et gagnent à tour de rôle. Au même moment, les autres complices rabattent les potentiels parieurs, surveillent l’arrivée éventuelle de la Police ou repoussent les perdants énervés. Quand ce sont les complices qui misent, le bonneteur manipule les cartes de manière à ce que la reine rouge soit facilement identifiable.

En même temps, ils ne cessent de répéter assez fort « Où est la reine, vite, vite ? » pour éveiller la curiosité des passants dans la rue ou sur la place souvent bruyante. Comme ils sont en confiance par le jeu de dupes du bonneteur et des complices, les passants n’hésitent pas à miser un billet. Souvent 20, 50 voire 100 euros pour les plus confiants! A ce moment, le bonneteur ne jette plus la carte de la dame rouge (qui est en dessous) en premier sur la table, mais celle du dessus. La victime peut difficilement percevoir cette manipulation astucieuse.

Si par hasard, le joueur gagne alors les complices lui demandent expressément de rejouer ou le bonneteur veille éventuellement à lui donner un faux billet. L’escroquerie est donc bien orchestrée : complices du bonneteur dans la foule, mises en confiance au début par une manipulation lente des cartes et enfin, tour de passe-passe des cartes (vitesse, filage, retournement, etc.).

Un délit réprimé par la loi

Comme pour toute arnaque à la sauvette, il est souvent compliqué pour les forces de police de surprendre les arnaqueurs en flagrant délit. En France, le bonneteau est interdit, car il s’inscrit dans un jeu de hasard réalisé sur la voie publique et dont l’enjeu est l’argent (article L. 324-1 du Code de la sécurité intérieure). Le bonneteur et ses complices peuvent aussi être poursuivis pour l’infraction d’escroquerie (article L. 313-1 du Code pénal français). La peine maximale encourue est de trois ans de prison et 375 000 Euros d’amende.

Lorsqu’ils les surprennent, les policiers, souvent issus des unités de sécurisation touristique, doivent interpeller le bonneteur et ses complices. Mais aussi, les victimes afin de qualifier l’infraction en escroquerie. Ces arnaqueurs, souvent issus de bandes organisées, peuvent gagner plusieurs milliers d’euros en une journée. Et surtout, gâcher la journée de nombreux touristes!

Nicolas Gaiardo

Nicolas Gaiardo

Nicolas est un journaliste engagé dans la lutte contre les escroqueries financières et passionné du monde de la finance. "Débusqueur" des dernières arnaques astucieuses dans des produits financiers dits atypiques, il se fait un point d'honneur à vous en faire profiter.

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