Rawstone est l’une des plus grosses arnaque de type Ponzi de ces dernières années: Plus de 26 millions d’euros de préjudice et plus de 300 victimes.
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Sommaire
Toggle- Raul De Jesus Antunes Lata fait tomber Emmanuel Abramczyk par accident
- Emmanuel Abramczyk, forain normand installé à Paris
- Il s’invente une nouvelle vie de diamantaire en s’installant au Luxembourg
- L’argent investi paye les intérêts des autres investisseurs et finance son train de vie
- Il cultive une image de riche diamantaire pour attirer ses victimes
- Une ribambelle de sociétés sous diverses juridictions
- Les victimes sont surtout en France
Raul De Jesus Antunes Lata fait tomber Emmanuel Abramczyk par accident
L’affaire Rawstone Business Holding a été découverte par accident, tandis que la police luxembourgeoise enquêtait sur l’affaire de la filière de vol et de blanchiment d’argent à la Caixa Geral de Depositos ou affaire Raul De Jesus Antunes Lata.
Raul De Jesus Antunes Lata avait intégré en 2009 la filiale luxembourgeoise de cette banque portugaise. Cet ancien réceptionniste sans aucun diplôme avait ensuite connu une ascension fulgurante pour devenir responsable des clients « préférentiels ». Il sera arrêté en mars 2012 après la découverte du vol de 3,5 millions d’euros sur le compte d’un client de la Caixa vers un compte ouvert à son nom à Lausanne. C’est à Saint Moritz qu’il sera cueilli par les pandores helvétiques en compagnie de deux tendres « amies » russes.
Raul De Jesus Antunes Lata avait monté deux circuits de blanchiment d’argent. Le premier passait par le Liechtenstein via le concours du fameux Nadav Bensoussan, fondateur de France Offshore, une société promettant l’évasion fiscale pour tous. Le second circuit passait par Hong Kong, un ressortissant chinois du nom de Wenqi Wang et un certain Emmanuel Abramczyk.
À l’occasion de cette première affaire, les enquêteurs soupçonnent déjà Abramczyk d’avoir monté une arnaque avec Rawstone. Mais ils ne bougent pas.
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Emmanuel Abramczyk, forain normand installé à Paris
Emmanuel Abramczyk est né en 1966 à Alençon, dans l’Orne et dans une famille de forains fréquentant les marchés normands. Le bac en poche, il s’installe à Paris. Il gère une société de location de cassettes vidéos puis une société proposant des modules de localisations de téléphones portables. Enfin, il devient courtier immobilier et grenouille dans les milieux affairistes.
Avec son frère Daniel, Emmanuel Abramczyk a été propriétaire d’une somptueuse propriété immobilière avenue Foch, à partir de 2002. Il y a eu un temps sa résidence avant de devoir y renoncer en 2015.
Il sera condamné en 2005 en France pour banqueroute puis en 2006 pour détournement d’un bien donné en gage.
En 2003, il est signalé à Genève, où il vivote du chômage et du salaire de son épouse comptable. Il rejoint le Luxembourg en 2007, où il a été administrateur d’une obscure officine.
Il s’invente une nouvelle vie de diamantaire en s’installant au Luxembourg
A l’automne 2008, la faillite de sa société, Organit, attirera également l’attention de la police grand-ducale. Il sera renvoyé en correctionnel pour « abus de biens sociaux et de banqueroute frauduleuse ».
En 2012, fort des centaines de milliers d’euros gagnés grâce à Raul De Jesus Antunes Lata, il lance Rawstone Business Holding. L’année suivante, il sera mis en examen dans l’affaire de la Caixa Gera de Depositos et ne sera définitivement jugé qu’en 2022… Entre-temps, malgré sa mise en examen et des signalements judiciaires remontant à 2013, il a le champ libre pour développer Rawstone Business Holding…
L’argent investi paye les intérêts des autres investisseurs et finance son train de vie
Rawstone propose des emprunts obligataires rémunérés 9,9% l’an, grâce à la spéculation sur des diamants. Elle va réussir à lever entre 26 et 28 millions d’euros ont été collectés entre 2013 et 2018 auprès de plus de 300 souscripteurs. Mais l’argent n’est pas investi. Il sert soit à payer les intérêts des participants, soit à financer le train d’Emmanuel Abramczyk et de ses proches.
Abramczyk loue une maison de maître pour 8500 euros par mois. Il roule dans des voitures de luxe: Lamborghini, Bentley, Maserati, Range Rover, Mercedes, Porsche… Elles sont toutes propriétés de son entreprise, quand elles ne sont pas en leasing. Il s’offre de nombreux voyages, ainsi qu’à ses proches. Il achète des œuvres de Gustav Klimt et de Romero Britto. La police saisira quarante montres de luxe pour s’apercevoir que seulement deux d’entre elles ne sont pas des contrefaçons.
Il cultive une image de riche diamantaire pour attirer ses victimes
Il use de cette image de golden boy pour recruter ses victimes. Pour les convaincre de lui confier leur argent, Emmanuel Abramczyk sort le grand jeu: photos de sa villa de Los Angles, de son yacht et de son jet privé, et le clou du spectacle: l’exhibition d’un énorme diamant nommé « koï ». Il s’agissait en réalité d’un morceau de verrerie.
Emmanuel Abramczyk fait appel à un réseau interlope d’apporteurs d’affaire, des recruteurs d’investisseurs qui vont recevoir de juteuses commissions au passage, « 13% de commissions sur les apports des clients ». Il embauche son épouse Barbara, sa maîtresse Eléna, son meilleur ami et même son coiffeur.
Il réussit à recruter des notables du Grand-Duché: l’ancien de la Société Générale Vincent Decalf ou l’ancien de la banque Pictet Gilles Somers. Il débauche Gary Janaway de la banque Schroder. Les noms de Françoise Pfeiffer ou de Yves Gordet apparaissent dans ses montages de sociétés.
En 2017, le paiement des intérêts commence à se raréfier. En 2018, il s’interrompt pour de bon. En 2019, Emmanuel Abramczyk est mis en examen par un juge luxembougeois pour escroquerie et abus de confiance. La police du Grand Duché lance alors un appel à témoins.
Emmanuel Abramczyk est décédé le 8 janvier 2022 d’un cancer sans avoir pu être jugé. En tout cas dans l’affaire Rawstone Business Holding.
Une ribambelle de sociétés sous diverses juridictions
Rompu aux circuits du blanchiment, Abramczyk avait créé une ribambelle de sociétés dans diverses juridictions:
- Applestone, pour émettre des obligations afin d’acheter des terrains.
- Loxley Management Group, société de droit américain
- Rawstone Business Holding
- Blueground Founder SARL SPF
- Blueground Investment Partner SARL
- Blueground Investment Fund SECS
Les victimes sont surtout en France
La presse française couvrant des régions proches du Luxembourg va se faire l’écho de victimes à la recherche de réponses et de responsabilité. C’est en France que se trouve l’essentiel des victimes. Il en a été recensé 287, soit 87% de l’ensemble. Il s’en trouvera jusqu’en Dordogne.
Ainsi le Journal de Saône-et-Loire raconte-t-il l’histoire de Franck Thouard. Ce directeur d’exploitation dans une entreprise de transport avec investi en 2015 une partie du produit de la vente de son appartement. C’est un ami, Michael, qui était employé de la société d’Alexandre Abramczyk qui lui en a parlé. Il va perdre 100 000 euros dans l’affaire.
Franck va être un peu réticent au départ : « Je n’avais jamais fait ça, mais mon ami m’a montré un titre, l’investissement de 50 000 € de sa mère. Je me suis dit qu’il n’y avait pas de risque », déclare-t-il. « J’ai échangé plusieurs fois par téléphone avec le patron, Emmanuel Abramczyk, j’ai fait confiance »…
De nombreuses victimes françaises mettent aujourd’hui en cause la responsabilité des apporteurs d’affaire qui les ont recrutés. Certains étaient de vrais professionnels établis officiellement comme Conseillers en investissement (CIF) et inscrits à l’ORIAS. Ont-ils manqué de vigilance au point d’engager leur responsabilité ?
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