Encore une affaire d’arnaque dans le domaine de la rénovation. Ce procès révèle les pratiques honteuse de cette entreprise.
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ToggleUne clientèle vulnérable et principalement âgée.
Le tribunal correctionnel de Limoges a été le théâtre du procès retentissant de BDPA Rénovation et de seize de ses employés, un dossier d’escroquerie à grande échelle dans le domaine de la rénovation. La rénovation énergétique est un domaine dans lequel de nombreuses arnaques se sont développées ces dernières années.
La société est sous le coup d’une procédure collective. Sa gérante, Angeline Ducly, aurait été la compagne de son leader, Pascal Barage. L’entreprise aurait employé des agents commerciaux tels que Benoit Boutard, Jean Luc Boutard et Florian Rivat. Le procès met justement en cause le comportement des représentants commerciaux de BDPA Rénovation.
Du 13 au 22 novembre 2023, ces prévenus ont dû répondre à des accusations d’escroquerie en bande organisée, ainsi que de pratiques commerciales trompeuses et agressives à l’encontre d’une clientèle vulnérable et principalement âgée.
Cette affaire exceptionnelle a mis en lumière des pratiques peu scrupuleuses et a suscité une attention particulière tant pour son ampleur que pour les méthodes présumées employées.
Entre 40 et 45 euros le rendez-vous pris par un call-center marocain
Initialement programmé pour le mois de juillet, le procès a subi des ajustements de calendrier suite à une augmentation du nombre de prévenus, aboutissant à sa tenue finalement en novembre. Les victimes de la société BDPA Rénovation ont décrit un schéma récurrent débutant par des appels provenant d’un centre d’appels basé au Maroc, rétribué entre 40 et 45 € par rendez-vous obtenu.
Ces appels annonçaient la venue d’un organisme de contrôle de l’habitat, présenté comme mandaté pour délivrer une attestation de conformité, prétendument obligatoire pour des travaux déjà réalisés dans la maison.
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Cependant, une fois sur place, les individus se présentant comme des contrôleurs, mais en réalité des commerciaux, réussissaient souvent à convaincre les résidents de signer des bons de commande à des prix exorbitants. Certains de ces agents revenaient à maintes reprises jusqu’à ce que les économies de leurs victimes soient complètement épuisées.
Une femme sous curatelle et un couple avec un fils handicapé
À titre d’exemple marquant, un couple âgé de Dordogne a été ciblé à quatre reprises, aboutissant à la signature de bons de commande pour un montant total de 135 000 €. Une femme sous curatelle s’est également retrouvée avec des factures s’élevant à 70 779 €. Ces chiffres dépeignent l’ampleur des préjudices infligés par ces pratiques d’escroquerie.
C’est l’histoire déchirante d’un couple âgé qui assume la charge de leur fils handicapé. Ils ont été sollicités à quatre reprises en un seul mois, entraînant des dépenses s’élevant à 55 498 €, représentant la totalité de leurs économies.
Les commerciaux incitent à prendre un prêt à la consommation
Dans un dénouement encore plus tragique, malgré le fait que le commercial ait pratiquement anéanti leurs finances, il les a incités à contracter un prêt à la consommation afin de financer un nouveau bon de commande pour un montant de 33 049 €. Il leur a fait miroiter l’embauche de leur fils handicapé, une promesse déchirante et trompeuse. Les vidéos présentées lors de l’audience dévoilent des cas aussi révoltants que bouleversants.
Cette fraude d’envergure s’est étalée sur une période de quatre ans dans plusieurs départements, notamment la Haute-Vienne, la Dordogne, le Lot, la Gironde, l’Allier, le Loir-et-Cher et l’Eure-et-Loir, atteignant son point culminant avec la liquidation judiciaire début 2023.
Pratiques commerciales trompeuses et agressives dans la rénovation
Le procureur de la République, dans ses réquisitions, a affirmé que l’ensemble des prévenus avaient activement participé à ces pratiques frauduleuses. Tous se trouvent ainsi sous le coup d’accusations pour escroquerie en bande organisée ainsi que pour pratiques commerciales trompeuses et agressives.
Les réquisitions du magistrat ont préconisé des peines de prison ferme variant de 1 à 6 ans, en fonction du degré de responsabilité de chaque accusé. Cependant, les avocats de la défense ont vivement contesté ces demandes lors des audiences. La date du jugement a été fixée au 19 janvier 2024.
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