Après Yoopala et Minilions, David Brehm-Prica s’est lancé avec le groupe Matterhorn Finance dans l’offre de financement privée de crèches, créant Heididom et Montessori NeoKids. Jusqu’à ce que l’alliance tourne court.
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ToggleL’ancien cadre de Yoopala se reconvertit dans les crèches
Début 2016, David Brehm-Prica vient de passer cinq ans a développer Yoopala, une société de service à la personne sur internet spécialisée dans la petite enfance. Brehm y a fait rentrer beaucoup d’argent mais il a aussi vu trop grand. Les créanciers de Yoopala finissent par faire le ménage et l’exclure de la boite.
Début 2016 donc, David Brehm-Prica est au chômage, avec une interdiction de gestion et une procédure pénale sur le dos. Il trouve dès le mois de janvier un emploi chez Minilions, une entreprise de crèches pas très éloignée du business développé chez Yoopala.
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Mise en relation avec d’autres utilisateursBrehm réalise que la pénurie de crèche qui plombe la France est une formidable opportunité d’affaires. Surtout que les subventions des CAF pleuvent pour stimuler l’ouverture de nouvelles crèches. Chez Yoopala déjà, il avait voulu intégrer jusqu’à l’excès tous les dispositifs d’emploi aidés dans le modèle économique de l’entreprise. Pour le meilleur et pour le pire.
Chez Minilions, il peaufine son prochain projet de business: un appel à l’épargne privée pour investir dans les crèches.
Deux Suisses à la manoeuvre
Il reprend contact avec Stéphane Bastien, un Suisse à la tête du groupe immobilier Matterhorn Finance, devenu Mat Finance, installé à Nice. David Brehm-Prica aussi est d’origine hélvète. Stéphane Bastien apporte son savoir-faire et sa puissance financière. Il s’occupera de gérer le foncier, les murs de crèches tandis que David Brehm-Prica se charge de la gestion des crèches.
Pour cette partie justement, David Brehm-Prica est gêné. Il est toujours sous le coup d’une interdiction de gérer une entreprise. Et il lui manque les capitaux de départ. Il a bien un peu d’argent de coté mais pas question d’investir ses économies dans une boite sans en garder le contrôle. Les souvenirs de Yoopala sont encore frais.
David Brehm Prica va contourner le problème de deux manières.
D’abord, pour lever des capitaux, Brehm convainc Stéphane Bastien et Matterhorn Finance de créer Heidi Family pour faire participer les capitaux du Suisse à la gestion des crèches, en plus de l’immobilier.
Ensuite, pour garder malgré tout son autonomie de gestion, David Brehm-Prica va faire un détour par le Royaume-Uni. Il y crée une société, Erfond Limited. La première directrice nommée à la tête d’Erdond réside justement à la même adresse qu’une société d’hébergement de sociétés, VST Financia Ltd. Cette dernière vantant justement en français sur son site l’intérêt de la création de sociétés outre-Manche. Sans doute pas une coïncidence
Brehm en est l’actionnaire à 47,5% à égalité avec une ressortissante ukrainienne, Oksana Prikazchikova, qui est aussi la première directrice d’Erfond.
Les 5% restants sont confiés à une certaine Caroline-Diane Patricia Vaillon, condamnée à une interdiction de gestion en 2014 dans le cadre de la liquidation judiciaire d’un salon de beauté sur la commune de Houilles dans les Yvelines. Le lien entre Madame Vaillon et David Brehm-Prica est peut-être à aller chercher du coté de son homonyme, Jean-Claude Vaillon, car il devient bientôt directeur immobilier dans le nouveau montage.
En quatre ans, Erfond Limited change quatre fois de dirigeant, l’un d’eux change même de sexe. De businessman il devient businesswomen.
Avec Erfond, Brehm-Prica peut tirer les ficelles d’une société de gestion de crèche bien française, Montessori Neokids via l’entremise du Belge installé au Luxembourg, Jean-Pierre Foeliex. Ce dernier est chargé de commercialiser l’investissement à des investisseurs privés via sa société luxembourgeoise FO Solution.
NeoKids et HeidiDom, des jumeaux concurrents ?
C’est ainsi que courant 2019, sont conçues deux offres d’investissement dans les crèches:
- Celle d’Heididom, dans laquelle le groupe Matterhorn et Stéphane Bastien sont parties prenantes.
- Celle de Montessori NeoKids, conçue par David Prica-Brehm pour se passer de Matterhorn et de Stéphane Bastien.
Ces deux offres d’investissements se ressemblent comme des jumelles. Elles proposent toutes les deux un investissement suivant une formule 2/3 en capital et 1/3 sous forme de prêt au compte courant.
Une formule d’investissement qui pose question
C’est une forme d’investissement qui peut paraître ambiguë. Contrairement à l’impression que peuvent donner les supports de communication, les investisseurs ne sont donc pas propriétaires des murs de crèches. Ils sont propriétaires de parts dans une société qui elle-même détient des murs de crèches.
Surtout, dans l’offre initiale, les gains réels qu’il est permis d’espérer ne sont pas garantis. Si l’on s’en tient au seul prospectus auquel nous avons eu accès et qui est reproduit dans cet article, le prêt en compte courant est remboursé en 5 ans sans intérêts. Passé ce délai, Heididom s’engage à racheter les actions souscrites au prix de la souscription. Potentiellement, cette offre peut aboutir à ce que le gain pour l’investisseur soit nul.
Le rachat des actions au bout de 5 ans peut être plus aléatoire que prévu. Il peut par exemple rencontrer des dispositions contraire dans les statuts de l’entreprise ou encore dépendre d’une décision de l’assemblée générale des actionnaires.
L’affaire Maranatha…
Cette formule d’investissement a le tort de rappeler le montage de l’affaire Maranatha. Dans les années 2000, cette chaîne hôtelière avait grossi à toute vitesse, au point de devenir en quelque années le cinquième groupe hôtelier français grâce à 700 millions d’euros investis par 6 000 investisseurs dont le fond souverain koweitien Cale Street Partners. Des épargnants français s’étaient vu proposer à peu près le même investissement, comme Jean-René, 83 ans, ancien chef d’entreprise: « Il devient actionnaire d’une société du groupe hôtelier pour les deux tiers de ce montant mais aussi créancier, ayant investi le solde en compte courant », commente un journaliste du JDD en 2018.
Il y a une différence notable entre les deux offres. HeidiDom propose un investissement dans une société par action tandis que NeoKids propose un investissement dans une société en commandite par action. Or la société en commandite, c’est un choix de forme juridique qui n’est sans doute pas totalement innocent.
Sollicité par nos soins, Epargne Info Service, le service de protection des épargnants de l’Autorité des Marchés Financiers, déconseille cet investissement. En effet, d’après l’Autorité administrative, Montessori NeoKids « ne bénéficie d’aucun enregistrement/autorisation auprès de l’AMF pour proposer des services d’investissement en France de type crèches ni autre chose d’ailleurs. Il convient de ne pas donner suite aux sollicitations de cette société apparaissant des plus douteuses ».
Rupture après un an seulement de collaboration
En septembre 2019, les tensions sont exacerbées entre Stéphane Bastien et David Brehm-Prica. Nous n’avons pas réussi à obtenir d’explication de la part des uns et des autres.
David Brehm-Prica oppose une fin de non recevoir à notre démarche « il faut vous adresser à un dirigeant qui pourra seul prendre la décision de donner suite ou non à votre demande. Ma qualité de salarié, bien que cadre, ne m’autorise pas à divulguer quoi que ce soit.
Stéphane Bastien a bien reçu notre demande d’interview. Mais nous n’avons pas obtenu de retour.
Nous ne pouvons faire que quelques conjectures à partir de témoignages d’anciens du groupe et d’éléments factuels.
Dans le schéma d’investissement de Montessori NeoKids, deux sociétés sont présentées pour recueillir et gérer l’investissement: NeoKids Invest France et NeoKids Management. En réalité, si ces noms en « NeoKids » sont bien des noms commerciaux, ils appartiennent à des entreprises qui portent d’autres noms: Heidi Invest France et Heidi Management.
Cet antagonisme entre le groupe « Heidi » et le groupe NeoKids semble renvoyer à Stéphane Bastien d’un coté et David Brehm-Prica de l’autre.
Ce conflit d’intérêt a probablement exacerbé des tensions en interne, chacun étant sommé de choisir son camp, le temps de savoir à qui profitera la sortie de cette ambiguïté: NeoKids ou Heidi. Cela semble corroboré par une vague de départs plus ou moins concertés début 2020. L’équipe sur le départ existait avant son recrutement chez NeoKids. Elle avait été recrutée sur de solides compétences. Un an et demi plus tard, elle se disloquait.
La rupture sera actée avec la reprise d’Heididom par NeoKids, annoncée sous forme de changement de nom début 2020. La même année, un jeu de chaise musicale dans les conseils d’administration des différentes sociétés semble témoigner d’un intense rapport de force.
Crowdfunding et cryptos, l’investissement dans les crèches 2.0
Pour trouver des financements, Montessori NeoKids s’est également tourné vers les technologies de la blockchain qui permettent d’atteindre un très haut niveau de sécurité juridique et de sa passer de certaines institutions et procédures.
En 2019, Montessori NeoKids réalise des études poussées avec des cabinets d’avocats. Le projet est sur le point d’être créé à Malte, un paradis fiscal européen qui vote les lois les plus permissives en la matière afin d’en devenir l’une des capitales. Hélas, l’assassinat d’une journaliste, Daphne Caruana Galizia, va enrayer ce développement.
NeoKids renonce donc à lancer son token maltais qui devait permettre de faire appel au financement privé pour acheter des biens immobiliers destinés à la construction de crèches.
L’offre était très avancée et on en trouve des traces sur internet avec cette page Facebook ou cette présentation(https://www.fosolutions.lu/neokids-micro-creches-montessori/) de celui qui est en charge de la recherche d’investisseurs: Jean-Pierre Foeliex. Cela devait s’appeler « Montessori Worldwide ». Sa page Facebook existe toujours et elle mentionne sans ambages son lien avec Montessori NeoKids.
Elle renvoie vers deux sites internet: montessori-invest.com et montessori-token.com. Inutile de cliquer sur ces liens, à la date de cet article, ils ne renvoient pas à des sites fonctionnels mais à des messages d’erreur en russe. On peut cependant se faire une idée de leur conception car ce qui ressemble à une page test de montessori-invest est encore en ligne.
Une vidéo explicative
Un tutoriel vidéo publié en février 2020 devait même permettre d’expliquer comment investir dans ce token. Ce site test donne des infos sur la société de droit maltais via laquelle cette tokénisation était envisagée: MW Invest.
Ces deux adresses sont bien hébergées, en Ukraine, le pays d’origine de la femme de David Brehm-Prica, Elena Koloskova. D’ailleurs, il nous a été indiqué que c’est elle qui était en charge de la communication de cette « offre crypto », via son agence « WebDa ». Même si les administrateurs des URLs des deux sites ont pris soin d’anonymiser leur « whois », le nom du « registrant » nous est familier: Erfond, la société anglaise dont David Brehm-Prica est actionnaire.
Malgré une communication fournie, Montessori NeoKids a pour l’instant renoncé à cette tokenisation de l’investissement dans les crèches pour se rabattre vers le Crowdfunding.
Quand au groupe Matterhorn Finance, devenu Mat Finance, il continue de proposer la même formule d’investissement dans les murs de crèches. Pour cela, la société Heidi Foncière VIP est devenue Alliance Foncière en 2018, avec son propre site internet dédié et un cabinet spécialisé pour commercialisé la nouvelle offre, BBH Consult.
Post-Scriptum: Montessori Neokids débouté de son action en diffamation
Pour cet article, nous avons fait l’objet d’une procédure en diffamation de la part de la société Montessori Neokids en juin 2020. Le 20 avril 2022, la 17eme chambre du Tribunal Judiciaire de Paris a débouté la société Montessori Neokids de sa demande.
Pour cet article, nous avons fait l’objet d’une procédure en diffamation de la part de la société Montessori Neokids en juin 2020. Le 20 avril 2022, la 17eme chambre du Tribunal Judiciaire de Paris a débouté la société Montessori Neokids de sa demande.
Bonjour, j’aimerai entrer en contact avec vous… je suis la gérante d’une PME en France. Nous avons conçu des crèches pour la nébuleuse NEOKIDS (Heidi Invest Paris). Neokids a perçu et perçoit l’argent de la CAF Française mais nous doit 420k€ pour la réalisation des travaux… malgré un jugement qui nous donne raison et nous a permis de saisir les comptes de HEIDI INVEST PARIS, nous avons pu récupérer que 1400€. Où va l’argent ? Qui profite de ces malversations ??
Merci de votre message.
N’hésitez pas à nous appeler ou à nous adresser un mail ou à utiliser notre formulaire de contact.
Depuis la publication de cet article:
-La société Mat Finance a été placée en liquidation.
–La société SNM qui gère les sites palmaresdesplacements.com et investissement-micro-creches.com est en liquidation judiciaire. Son directeur éditorial s’appelle Franck Guivatim et nous avions déjà croisé son nom dans un article sur une arnaque aux cryptos. Le directeur de SNM, Sébastien Taraquois, est interdit de gestion pour 8 ans.
Source: devenir-rentier.com
Et maintenant Neokids Belgique fait aveu de faillite…
Mediapart publie un article intitulé « Derrière le vernis Montessori, l’effondrement des crèches NeoKids » et ainsi chapeauté: « Alors que le gouvernement promet la création de 200 000 places d’accueil du jeune enfant, le business des crèches privées échappe toujours au contrôle de l’État. Le réseau Montessori NeoKids, qui vient d’être placé en redressement judiciaire, en est la parfaite illustration. »
Dernières nouvelles de David Brehm:
Il a créé une Ceress Group le 23 juin 2023. Numéro de RCS: 953 537 586.
Il n’est pas encore répertorié sur Pappers mais j’ai pu consulter le registre.
La gérance a été confiée à Alla Silina, une ressortissante ukrainienne née à Jytomyr en 1974 et demeurant dans les Alpes Maritimes, à Beuil. Cette femme a probablement un lien avec la belle famille de David Brehm, dont la compagne est d’origine ukrainienne et propose des services d’entremetteuses entre célibataires français et célibataires ukrainiennes.
Cette dernière extrapolation est également soutenue par le fait qu’Alla Silina est co-gérante avec Elena Brehm de la société de droit français SCEA CBA Agricole, créée le 6 juin 2023.
Pour se faire connaître, Ceress a créé un site internet: ceress-group.com
ceress-group.com ne présente aucune mention légale. Il indique une implantation en Pologne (« Grochowska 217 Lok. 15, Warszawa 04-077 ») et un siège social à Grasse (« 7 av. Michel Chevalier, 06130 »).
Ceress Group propose des services de « rénovation de qualité au meilleur prix ».
Ce site internet présente des photos de « réalisations » parmi lesquelles une photo d’une crèche Montessori Neokids aujourd’hui en liquidation et qui n’a jamais été rénovée par Ceress.
Une de ces photos représente la fameuse bastide du chemin de Blumenthal à Grasse, qui servait de siège social et de domicile à David Brehm et à sa femme. Elle n’a jamais été rénovée par Ceress Group non plus.