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Les dessous de l’arnaque pyramidale

Les dessous de l’arnaque pyramidale

«Il est plus simple de tromper une multitude qu’un homme seul» disait le très célèbre historien Hérodote il y a 2400 ans. Un proverbe qui nous rappelle le système Ponzi ou arnaque pyramidale, une forme d’escroquerie basée sur le recrutement incessant de membres. Fonctionnement, exemples célèbres, répression, version 2.0 de l’arnaque… Revenons en détail sur les dessous de cette arnaque vieille d’un siècle.

Une pyramide aux pieds d’argile

Le montage financier d’une arnaque pyramidale est assez simple. Pour commencer, l’initiateur de la pyramide invite des investisseurs à effectuer un versement initial qu’il collecte. Il les séduit bien sûr en argumentant avec des promesses de rendement très supérieures à ce qu’est habituellement proposé sur les placements financiers.  Pour faire fructifier sa mise de départ, l’investisseur doit, à son tour, recruter de nouveaux membres dont les sommes versées serviront à rémunérer les premiers investisseurs. C’est donc un « réseau d’affaire vertical » construit par parrainage. Les clients sont obligés de laisser leur investissement un laps de temps. En cas de demande de sortie de la pyramide, ils sont invités bien sûr à y rester pour continuer à faire fructifier leur mise de départ.

Au fil du temps, à mesure que la pyramide s’agrandit, les membres situés dans les niveaux supérieurs percevront des montants de plus en plus importants. Par contre, dès que les membres des niveaux inférieurs ne réussissent plus à recruter de nouveaux investisseurs, la pyramide cesse de croître.

Le recrutement est exponentiel. Ainsi si chaque parrain doit recruter 6 filleuls, il suffit de 12 niveaux pour inclure dans la pyramide pas moins de 2,17 milliards d’individus et 13 niveaux pour 13 milliards de personnes ! 

Résultat : les membres en bas de la pyramide ne récupèrent pas leur mise de départ tandis que les membres au sommet de la pyramide se sont enrichis exponentiellement.

La supercherie est mise à jour souvent par une révélation médiatique ou dès que s’écroule le nombre de nouveaux investisseurs rejoignant le système.

Systèmes de vente pyramidale célèbres 

Dans les années 1920, aux Etats-Unis, c’est l’invention de l’arnaque pyramidale ou « pyramide de Ponzi ». Carlo Ponzi était un businessman italien agissant à Boston. Il promettait 50% d’intérêts dans les trois mois suivant l’investissement initial. Il est dit qu’il aurait encaissé « jusqu’à un million de dollars par semaine et aurait, au total, convaincu 30 000 personnes ». Au total, il aurait extorqué 12,7 millions d’euros.

En 1934, en France, un scandale de pyramide de Ponzi a éclaté avec l’affaire Stavisky. Véritable scandale politique dans lequel l’accusé, Alexandre Stavisky et le directeur d’enquête, Albert Prince, décèdent dans des circonstances suspectes, la fraude pyramidale a consisté en la mise en circulation de faux bons porteurs d’une valeur de 261 millions de francs.

La pyramide de Ponzi la plus connue de l’Histoire est celle présente dans l’affaire Madoff. L’une des plus retentissantes arnaque financière des dernières décennies. Entre 1960 et 2008, l’homme d’affaires américain autodidacte a fait perdurer une pyramide de Ponzi. Pour bénéficier d’un rendement de 12%, il acceptait, au minimum, un investissement d’un million de dollars.

Les milliers de victimes sont des particuliers, mais aussi des fonds de grosses fortunes personnelles, des fonds de pension, des organisations caritatives et des banques dont HSBC, Santander ou encore BNP Paribas. Selon les enquêteurs, son activité frauduleuse a pu traverser les années car, en parallèle, l’entrepreneur proposait une activité parfaitement légale de courtier spécialisé en actions hors cote (OTC). Sans oublier qu’il a créé et présidé le Nasdaq pendant 10 ans et que la SEC, le gendarme boursier américain, a réalisé plusieurs manquements empêchant la révélation de la supercherie. L’épilogue de cette arnaque ? La société d’investissement à Wall Street, Bernard L. Madoff Investment Securities LLC, s’est écroulée avec la crise financière mondiale de 2008, année durant laquelle certains de ses clients souhaitaient récupérer leurs fonds. Le bilan est lourd. Somme détournée : 58,7 milliards d’euros. Nombre de victimes : 37 000 réparties dans 136 pays.

Bernard Madoff a finalement été condamné, aux Etats-Unis, en juin 2009, à une peine de prison de 150 ans, le maximum prévu par la loi. Il est décédé en avril 2021 à l’âge de 82 ans dans la prison de Butner, en Caroline du Nord. Dans ses échanges épistolaires avec le journaliste Jim Campbell, l’escroc américain affirme sans remords « Je ne fus que le produit de la culture corrompue de Wall Street ».

En 2017, une autre affaire d’arnaque pyramidale a fait la une des journaux: l’affaire du « Madoff Breton » de Rennes dont le préjudice s’élève à 13,6 millions d’euros. La même année, en Chine, deux dirigeants de l’entreprise Ezubao ont été condamnés à la perpétuité pour avoir escroqué 7 milliards d’euros à 900 000 investisseurs via une chaîne de Ponzi.

En mars 2021, après 7 ans d’instruction, cinq personnes ont été condamnées à la prison ferme par le tribunal correctionnel de Lyon pour leur participation à une escroquerie de type chaîne de Ponzi. La société Exelyum a fait des centaines de victimes dont le préjudice a été évalué à 23 millions d’euros.

En avril 2021, c’est l’acteur Zach Avery qui a été accusé par la SEC, le gendarme financier américain, pour avoir monté une chaine de Ponzi pendant cinq ans via sa société 1inMMCapital . La somme fraudée serait selon la justice californienne de 227 millions de dollars.

Lire aussi : Bit-Robot : La gigantesque arnaque découverte, des témoignages glaçants de victimes

Les ventes pyramidales déguisées et les chaînes de Ponzi 2.0

On assiste aussi à des ventes pyramidales déguisées proposant des produits simples (crème, complément alimentaire) sans marque ou méconnus du public. Leur originalité rend leur valeur marchande difficile à évaluer. Dans certains cas, la nouvelle recrue doit acheter du matériel de démonstration, du stock de produits ou des guides de fonctionnement et logiciel.

L’objectif est cependant toujours le même : enrichir les personnes situées tout en haut de la pyramide. La frontière entre le MLM (multi level marketing ou marketing multi-niveau) qui est légal et la vente pyramidale illégale est très mince. Les arnaqueurs s’engouffrent dans cette faille. Ce qu’il faut retenir ? A la différence du MLM, une vente pyramidale oblige la recrue à payer une forme d’affiliation et les parrains perçoivent des commissions sur les frais d’affiliation des filleuls. La vente des produits n’est pas la source des revenus pour l’entreprise. C’est le recrutement de nouveaux affiliés que est source de rémunération.

L’instigateur réalise la majorité de ses gains grâce au recrutement de nouveaux membres et à leurs dépenses initiales. Ce recrutement s’opère souvent par le marketing relationnel (vente directe) rendu plus facile grâce à l’essor des réseaux sociaux. Comme l’illustre cet article, les étudiants sont souvent une cible de choix. C’est d’aussi ce que l’on retrouve actuellement dans les ventes de formation de trading en ligne à destination des jeunes (Kuvera, Melius Trading, EMBI) comme décrit dans cet article.

Sur la toile, de nombreuses plateformes d’arnaqueurs se basent sur le système pyramidal. Ce sont les chaines de Ponzi 2.0. Ces sites frauduleux prétextent un enrichissement grâce au trading, aux cryptomonnaies, aux formations en tout genre, aux faux espaces publicitaires sur internet, aux voyages et même aux voitures (Dexcar) etc.

Leur durée de vie est assez courte puisqu’en moyenne, en 28 jours, la plateforme ferme. 25% des plateformes seulement restent sur la toile plus de trois mois. Tout l’argent déposé par les investisseurs est empoché rapidement puis une nouvelle plateforme est créée.

Même si seulement 1% des visiteurs de ces plateformes décident d’y investir, les sites basés sur un montage financier pyramidal pourraient rapporter jusqu’à 5 millions d’euros par mois dans le monde. Outre Atlantique, la plus grande escroquerie de chaine de Ponzi numérique a été perpétrée par Traffic Monsoon qui a dupé 162 000 personnes pour un montant de 175 millions d’euros en l’espace de 18 mois.

Système de vente pyramidale : que dit la loi ?

Les systèmes pyramidaux ou procédé dit de « boule de neige » ou « chaîne d’argent » sont totalement illégaux. Dans la loi française, et notamment l’article L122-15 du Code de la Consommation, il est mentionné :

  • La vente pratiquée par le procédé dit  » de la boule de neige «  ou tous autres procédés analogues consistant en particulier à offrir des marchandises au public en lui faisant espérer l’obtention de ces marchandises à titre gratuit ou contre remise d’une somme inférieure à leur valeur réelle et en subordonnant les ventes au placement de bons ou de tickets à des tiers ou à la collecte d’adhésions ou inscriptions.
  • Le fait de proposer à une personne de collecter des adhésions ou de s’inscrire sur une liste en lui faisant espérer des gains financiers résultant d’une progression géométrique du nombre de personnes recrutées ou inscrites.
  • Dans le cas de réseaux de vente constitués par recrutement en chaîne d’adhérents ou d’affiliés, il est interdit d’obtenir d’un adhérent ou affilié du réseau le versement d’une somme correspondant à un droit d’entrée ou à l’acquisition de matériels ou de services à vocation pédagogique, de formation, de démonstration ou de vente ou tout autre matériel ou service analogue, lorsque ce versement conduit à un paiement ou à l’attribution d’un avantage bénéficiant à un ou plusieurs adhérents ou affiliés du réseau.
  • En outre, il est interdit, dans ces mêmes réseaux, d’obtenir d’un adhérent ou affilié l’acquisition d’un stock de marchandises destinées à la revente, sans garantie de reprise du stock aux conditions de l’achat, déduction faite éventuellement d’une somme n’excédant pas 10 % du prix correspondant. Cette garantie de reprise peut toutefois être limitée à une période d’un an après l’achat.

Toujours selon le code de consommation, et notamment les articles L132-19 à 20, la sanction pénale est une amende maximale de 300 000 euros et d’un emprisonnement de deux ans, assortie d’une possible interdiction d’exercer des fonctions publiques ou des activités commerciales. De plus,

Ce n’est pas seulement le « cerveau » de l’arnaque pyramidale qui risque une sanction pénale. Si un investisseur bénéficie d’un paiement d’une indemnité qui provient de l’apport de nouveaux membres dans le système plutôt que de la vente ou de l’utilisation de produits, cela le propulse au rang de « complices d’une infraction pénale ».

Comment repérer une arnaque pyramidale ?

Certains indices doivent éveiller vos soupçons comme :

  • Une entreprise créée récemment ;
  • Une entreprise n’étant pas répertoriée en France sur le registre de l’AMF ou de l’Orias ;
  • Des promesses de rendement mirobolantes ;
  • L’absence de produits ou services ou des produits ou services de faibles valeurs ;
  • L’obligation de verser une somme pour rentrer dans la pyramide (droit d’entrée, mise de départ) ;
  • L’accès à des commissions lors des parrainages ;
  • Part majoritaire des bénéfices réservés aux plus anciens membres ;
  • Forte pression psychologique pour recruter de nouveaux membres et dissuader les filleuls de se retirer du système.

Lire aussi : Escroquerie financière : Ne vous faites pas avoir !

Nicolas Gaiardo

Nicolas Gaiardo

Nicolas est un journaliste engagé dans la lutte contre les escroqueries financières et passionné du monde de la finance. "Débusqueur" des dernières arnaques astucieuses dans des produits financiers dits atypiques, il se fait un point d'honneur à vous en faire profiter.

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